dimanche 16 janvier 2011

M.Ciani : " Mon meilleur apprentissage c'est Lorient "

Michaël Ciani est revenu sur son parcours " pas comme les autres " avant d'atteindre le haut niveau, interview ...


Votre parcours atypique fait-il de vous un footballeur atypique ?
Oui, dans le sens où je pense que cela a forgé mon caractère. J'ai commencé le football assez tard, à 13 ans (au Racing Club de France, Ndlr) après une année d'athlétisme. Au début, je jouais pour le plaisir, mais j'ai toujours rêvé de devenir un jour professionnel. Je poursuivais un but. Je le dis : je viens de loin.
 
Avez-vous douté d'y arriver ?
Quand je suis parti à Charleroi à 18 ans, c'était beaucoup de sacrifices mais je savais pourquoi je partais. Pour moi, c'était déjà un bonheur de sortir de la région parisienne. Mais je considérais la Belgique comme un tremplin, pour mieux revenir en France dans un bon club. J'ai signé trois ans là-bas. Au bout de six mois, j'ai reçu un appel de Guy Roux qui a décuplé ma motivation.

Vous n'êtes pas passé par un centre de formation. Vous ne sortez pas du moule…
Il y a des côtés négatifs et positifs à mon parcours. Il me manque des bases - Guy Roux me l'a reproché à mon arrivée à Auxerre - mais je sors de l'habituel comme défenseur. Je réussis des choses remarquables, à l'instinct, que d'autres, formés dans un centre, ne tenteraient peut-être pas.

Comme ces buts contre le Bayern ou Lorient ? On a parfois l'impression que vous rêvez de jouer attaquant…
(Rire) J'aime prendre des risques, c'est vrai. Si je mets ce but contre le Bayern, c'est peut-être grâce à cette faculté à tenter des choses. Contre Lorient, ça se joue en une fraction de secondes, sans réfléchir, parce que je me sentais bien. Le même match, avec des sensations différentes, je ne prends pas le risque.

Comment avez-vous rattrapé ce retard ?
Le temps y fait beaucoup. C'est un travail d'observation, une question de sensations sur le terrain. On ne vient pas à l'entraînement simplement pour s'entraîner, mais pour progresser. Il faut être à l'écoute, savoir accepter les critiques pour rebondir derrière. Je pense que c'est ce que Christian Gourcuff appréciait chez moi : j'étais un bon élève (sourire).

Il a beaucoup compté pour vous ?
Mon meilleur apprentissage, c'est Lorient. Christian Gourcuff m'a lancé en Ligue 1, il m'a fait confiance dans les moments où j'étais un peu en difficulté et m'a beaucoup fait progresser sur le plan tactique.

À vos débuts professionnels, ne vous sentiez-vous pas en décalage par rapport à ceux qui avaient suivis un cursus classique ?
C'était particulier : eux venaient d'un monde où ils étaient entourés, où ils avaient le ballon dans les pieds, où on leur donnait tout sans avoir à demander. Ils n'ont pas connu ce monde où, à 18 ans, on ne s'entraîne pas tous les jours.

Votre rapport à l'argent état-il différent du leur ?
(Il souffle) Au début, beaucoup oui. Aujourd'hui, cela fait sept ou huit ans que je suis à un niveau où, il ne faut pas se mentir, circule beaucoup d'argent. Mais je sais d'où je sors, même la moitié de ce que je gagne me conviendrait très bien.

Vis-à-vis de votre famille, comment avez-vous vécu ce changement de statut ?
Ils savent que je suis à l'aise, on n'en parle pas. Mais la prime pour avoir passé un tour en Ligue des Champions, la saison dernière, c'est à eux que j'ai pensé en premier… Ils m'ont toujours soutenu. Ils sont contents de me voir à la télé et c'est une grande fierté de leur montrer que j'ai réussi même si je pense que je m'en serais sorti sans le football.

Finalement, ce qui était un handicap au départ de votre carrière n'est-il pas devenu une force ?
Ce qui est sûr, c'est que je sais d'où je viens. Cela m'a donné une force différente.

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